2048 - L'Intégrale by Lionel Cruzille

Auteur:Lionel Cruzille
La langue: fra
Format: epub
Tags: Dystopie, dictature, virus, pandémie, implant, guerre, cyberpunk, réalité virtuelle, illusion, biotechnologie
Éditeur: Les éditions L'Alchimiste

CHAPITRE 2.14

Une nuée de drones-mouches et de drones de combat envahit l’espace en quelques instants, menaçante et agressive. Sous les lumières rouges, je me serais crue dans un cauchemar où le couloir aurait été plongé dans des eaux sanglantes. Dès l’entrée des troupes CYTOP, Will se mit en position de combat, mais Shifu le stoppa d’une main levée puis cria à l’attention de tous: —Ne luttez pas!

Will le regarda, éberlué. Le vieil homme répondit d’une voix affermie.

— Plus de sang, cela suffit. Ne versons plus de sang. Nous trouverons une issue, Will, ajouta-t-il plus bas. C’est promis…Des hommes armés et équipés de tenues de combat et de camouflage pénétrèrent le couloir empoussiéré par l’explosion des portes. Puis, tout alla très vite, dans un bruit de gravier et de métal. Ce fut les éclats de voix, les ordres glacials, les menaces, les faisceaux laser visant quiconque se montrait menaçant. Un coup de feu retentit. Un seul. Derrière moi, un corps s’écroula, laissant se dessiner sous lui, en quelques secondes, une flaque sombre. Dans un silence de mort, tout le monde se coucha au sol dans le couloir. Nous devions être une trentaine, peut-être quarante maximum. Mais le pire pour moi était la présence d’enfants. Il y avait là des familles, des amis, des pères, des mères. Tous n’étaient pas des guerriers, loin de là, en tout cas selon les apparences. Et pour la deuxième fois en quelques heures, je me surpris à sentir en moi une pulsion de colère volcanique. Je ne me reconnaissais plus et, en vérité, je ne reconnaissais rien. Sans cesse, j’avais cette folle impression de rêver, toujours sur le point de me dire que cette fois, j’allais me réveiller; cette fois j’allais ouvrir les yeux et découvrir que ce n’était là qu’un très mauvais songe. Mais rien de tel ne se produisit.

Un militaire nous tenait en joue tandis qu’un autre nous indiquait de nous mettre debout, contre le mur, sans geste brusque. Ils s’attelèrent à nous attacher les poignets. L’un d’entre eux me saisit violemment par le bras pour me forcer à me positionner. D’où sortaient toutes ces émotions ? Révolte, exaspération. Quelle nouveauté et quelle étrangeté! La voix en moi me livra une réponse: Sans la PIGAG, tes émotions remontent et explosent littéralement. Tout ce que tu as refoulé, se révèle…tout ce qui était tu, s’exprime enfin. La PIGAG contrôlait aussi les hormones, verrouillait les chakras, les glandes, etc. Maintenant, ta propre liberté peut te faire peur…Bienvenue dans le monde sans le filtre de la PIGAG!

Il y eut une pause. Puis, je me rendis compte réellement que j’entendais la voix dans mon esprit, et aucunement par mes oreilles. Je formulai muettement la question de l’urgence: Que dois-je faire ? La voix me répondit: Ne fais rien. Les réponses vont venir.

Pour la première fois, je m’aperçus aussi que je commençais à accepter sa présence, à composer avec. J’avais donc là, à l’insu de tous, ou du moins des non-sorciers, une vraie alliée. Qui es-tu ? demandai-je en moi-même.

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